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La moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt en France

30 réacteurs sur 56 sont actuellement à l’arrêt en France pour des raisons diverses. 18 le sont pour des inspections prévues tandis que 12 n’étaient pas censés être arrêtés puisque considérés comme le dernier cri de la technologie nucléaire en France ou alors comme étant capable de continuer leur exploitation sans dangers. Ces derniers le sont pour cause d’une corrosion anormale sur certaines parties de la tuyauterie.

La moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt en France

: l’essentiel

56 réacteurs au total18/56 arrêtés pour des inspections normales
Réacteurs N4, les plus récents4/4 arrêtés pour des corrosions anormales
Réacteurs 1300MWe5/20 arrêtés pour des corrosions anormales
Réacteurs 900MWe, les plus anciens3/32 arrêtés pour des corrosions anormales

Pourquoi est-ce que la moitié des réacteurs nucléaires sont à l’arrêt en France ?

Sur les 56 réacteurs nucléaires français, 30 sont à l’arrêt. 18 pour des inspections normales comme des visites décennales (vérifications et travaux de maintenance) ou encore pour des examens pour étudier la possibilité de prolonger la vie de certains réacteurs au-delà de quarante ans et qui nécessitent un arrêt temporaire.

12 connaissent des arrêts forcés pour des raisons tout à fait différentes. Ces réacteurs ont connu une corrosion inattendue et inexpliquée sur des tuyauteries annexes de circuits primaires. Ces réacteurs sont actuellement au cœur d’une expertise mise en place par EDF dans le but d’une réparation mais pas que. 

L’objectif est aussi de prendre connaissance du problème pour ne pas le reproduire sur les futurs EPR français. Le président Emmanuel Macron a en effet annoncé 6 EPR de plus dans un premier temps, tandis que 8 autres sont en passe d’être annoncés. 

Les réacteurs les plus durement touchés sont les plus récents (les quatre paliers N4 et certains 1300MWe) tandis que les anciens seraient beaucoup moins affectés (les 900MWe). Cela inquiète et renforce les doutes sur la capacité d’EDF et de la France en général à mettre en place de tels projets dans le futur sans risquer un accident inattendu.

Les 12 réacteurs touchés par de la corrosion anormale

  • 4 sur 4 des réacteurs N4 qui sont les plus affectés alors qu’ils sont aussi les plus récents du parc nucléaire français : les 2 réacteurs de Civaux, les 2 réacteurs de Chooz
  • 5 sur 20 des réacteurs 1300MWe : Penly 1, Cattenom 3, Flamanville 1 et 2, Golfech 1
  • 3 sur 32 des réacteurs 900MWe : peu ou pas affectés, ce sont Bugey 3 et 4 ainsi que Chinon B3

1. Comment a été découvert le problème de corrosion de certains réacteurs nucléaires?

Les contrôles sont systématiques et la sécurité liée au parc nucléaire est prise très au sérieux en France, notamment à travers l’organisme de l’Autorité de Sûreté Nucléaire dirigé par Bernard Doroszczuk. 

C’est un contrôle, réalisé initialement pour détecter de potentielles fissures de fatigue thermique, qui a permis la découverte, dans le réacteur 1 à Civaux (1450MWe, un des plus récents), du fameux problème de corrosion actuel. Ce contrôle consistait en la diffusion d’ultrasons puis en l’analyse des relevés de données.

C’est après étude de ces derniers que le problème a été révélé. D’autres contrôles du même type vont être effectués et d’autres arrêts forcés pourraient être lancés puisque la totalité des réacteurs va être inspectée.

2. Le phénomène de corrosion est-il un problème sérieux pour le parc nucléaire français ?

« Le phénomène de corrosion qui a été découvert de manière inattendue sur les réacteurs d’EDF est un phénomène sérieux parce qu’il concerne des parties de tuyauterie directement connectées au circuit primaire principal, et des tronçons non isolables qui n’ont pas d’organe de coupure.

En cas de rupture de ces canalisations, c’est le circuit primaire principal qui est avec une brèche. C’est un sujet sérieux en termes de sûreté, mais il l’est aussi parce que, potentiellement, il peut concerner l’ensemble du parc nucléaire d’EDF. »

Bernard Doroszczuk, Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire

C’est d’autant plus sérieux que personne n’a vu venir le problème et que cela révèle une forme de méconnaissance du sujet. La qualité et la dureté de l’acier laissaient à penser qu’il était impossible pour ce dernier de connaître une quelconque érosion, force est de constater qu’il y a eu erreur. 

3. Quelles sont les hypothèses actuelles pour expliquer l’origine de ces corrosions ?

La première hypothèse évoquée a été la qualité des soudures de la tuyauterie. Mais selon les experts de l’ASN, la corrosion serait due à la nouvelle géométrie des lignes des tuyauteries rattachées aux réacteurs français. Elle favoriserait la stratification thermique du fluide au-dessus et au-dessous de l’intérieur du tuyau, ce qui engendre une contrainte dans les zones de soudure, accélérant la corrosion et donc le risque de rupture.

Quelles conclusions peut-on tirer et quel avenir pour le parc nucléaire français ?

Selon Bernard Doroszczuk, EDF serait en mesure de répondre à une éventuelle rupture sans provoquer de dégâts majeurs grâce à la détection de fuite avant rupture. En tous cas, les réparations obligent les réacteurs à être mis hors d’état en pleine période de transition écologique et de crise avec les énergies du gaz et du pétrole russe

C’est aussi alarmant lorsque l’on sait qu’Emmanuel Macron a prévu 6 nouveaux réacteurs EPR. En plein boom nucléaire en France, le parc actuel vieillissant et ces nouveaux problèmes risquent de mettre à mal les objectifs fixés pour l’horizon 2050 :

  • 50% de nucléaire dans le mix électrique français
  • La prolongation des réacteurs les plus vieux au-delà de 60 ans d’exploitation alors qu’il n’est même pas dit que la poursuite de fonctionnement puisse aller au-delà de 50 ans, information que l’on ne pourrait avoir que d’ici 10 à 15 ans

Ce scénario serait dangereux, selon Bernard Doroszczuk, puisque l’on n’est même pas sûr de la faisabilité d’une poursuite d’exploitation des plus vieux réacteurs et que cela pourrait engendrer une impasse énergétique. Le président de l’ASN espère que le gouvernement ne forcera pas sa chance pour atteindre ses objectifs coûte que coûte, ce qui pourrait se révéler dangereux.

Un “plan Marshall pour rendre industriellement soutenable cette perspective et faire en sorte que les entreprises de la filière disposent des compétences et des moyens financiers en temps voulu” est indispensable.

Bernard Doroszczuk, Président de l’Autorité de Sûreté Nucléaire

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